mardi 26 octobre 2010

ACF Hold'Em Series : La win dans le 1k

Ma vie n'a pas changé.

Un peu moins de 48 heures après une victoire au ACF Hold'Em Series, j'ai juste une deuxième ligne HendonMob pas dégueulasse et je continue ma progression dans le bon sens.

Surtout, cela va me donner l'opportunité de jouer des tournois plus relevés pour apprendre et (tenter de) réussir à maîtriser ce jeu.

La gagne va booster ma bankroll et me permet de presque rejoindre un certain Fred Brunet au classement LivePoker et de revenir au niveau d'un joli fish, j'ai nommé Claire Renaut. Au classement Poker52/HendonMob, je me cale juste derrière Julien Brécard aka Yuestud, au 114e rang tricolore ! Ca a de la gueule, non ?

Bref niveau statistique, c'est pas mal et si je n'ai pas pris le gain de la première place à l'Aviation Club de France, je viens de dépasser les 50k de gains en tournoi cette année ! Ce n'était évidemment pas un objectif mais rien que de l'écrire, ca me semble énorme. Je suis loin de m'enflammer comme je l'ai confié à Antoine de Poker-Leaders qui a souhaité m'interviewer [le lien ici]. L'aventure commence.

J'ai aussi débuté un compte-rendu de ce tournoi sur le Club Poker pour ceux que cela intéresse [le lien ici] et je ferais logiquement une deuxième partie sur ce blog, plus tard dans la semaine.

Le programme est tout de même bouleversé. Je devais effectuer un coverage pour le 3K des Hold'Em Series mais cela ne se fera pas. Je suis donc disponible pour me rendre à la Pasino Cup... probablement avec Lecorback. Nous verrons au dernier moment...

Par contre, j'avais dans l'idée d'aller au WPT Amnéville en cas de succès au 1K des Hold'em Series. L'idée fait son chemin et il y a de fortes chances que je vende des parts à 35 euros. N'hésitez pas à me faire signe...

vendredi 15 octobre 2010

ACF : La win dans le jeudi double chance

Tout est dans le titre, j'ai remporté le tournoi double chance de l'Aviation Club de France, dans la nuit de jeudi à vendredi. Sur la ligne de départ, nous étions 46, une affluence moindre que d'habitude.

Enfin c'est ce que l'on m'a dit car ce n'était que la deuxième fois que je faisais ce tournoi. Que dire si ce n'est que le tournoi s'est bien déroulé. Je titre la table 5 [celle qui sert de TF à l'ACF], place 4 et le bouton est au siège... 4. J'ai aussi eu la chance de prendre trois petits coups pour passer au dessus de la cave de départ alors que nous n'étions que trois puis quatre à la table... et cela m'a lancé.

Ensuite, celui que j'appellerais le Russe fou a fait le travail pour moi. Ultra actif, il a fini par montrer un gros bluff. J'ai donc décidé de le coller le plus souvent possible. Deux fois, je vais le suivre avec des poubelles, payer un cbet, toucher la turn ou la rivière et le faire payer avec air puisqu'il mucke à chaque fois. Quelques minutes plus tard, je fais full à la turn dans un pot où il y a beaucoup d'action. Je reraise à tapis en espérant que mon ami va venir, pour l'énerver je tiens mon jeu au dessus de la ligne genre "je sais que tu vas lâcher" mais il ne craque pas. Pas encore.

J'ai pas trop de jeu mais la première fois que je vais relancer avec une main valable [AQs] après une farandole de limps, tout le monde jette. Jusqu'au Russe qui boîte pour un overbet de fou. Là je suis pas trop mal en jetons, j'ai pas pris la deuxième cave et, surtout, je sens bien que je crushe sa range puisqu'il peut faire ca avec n'importe quelles cartes. Il est temps de monter un stack car nous entamons le début de la deuxième heure et donc de prendre le risque de payer. Bonne pioche, le Russe fou retourne A7o... Pas d'horreur et je suis lancé.

Ensuite, je vais voler pas mal de petits coups... et je vais chatter. A ma droite, une blonde plantureuse vient de se poser. Sur les trois premiers coups qu'elle joue, elle colle simplement. Sur le quatrième, elle relance un poil plus que 3BB. Ca sent le monstre mais je trouve encore AQs avec la position. C'est payé pour un flop hauteur 10 avec deux coeurs. Mademoiselle boîte ! Je la couvre largement, j'ai deux cartes au dessus et un tirage max et je la vois bien sur deux valets ou deux rois. Je paye. Elle montre les As. La turn est un coeur...

Chose marrante, la blonde, déjà sortie donc, a été rejointe par un gars qui s'est posé à sa droite. Ils semblent se connaître et vont avoir la même soirée. Sur la main suivant la sortie de la demoiselle, le nouveau relance, 3bet de la grosse blinde, tout part au milieu. Évidemment, la grosse blinde va encore craquer les As avec les Dames... Je continue mon ascension en gagnant un coin flip. Je relance UTG avec 88, je suis 3bet par un joueur avec qui j'ai joué pas mal en cash-game et je pense être sur un coin flip. Je lui reviens donc dessus et ma paire va tenir face à son A9o.

Je suis à presque trois fois la moyenne et je continue à mettre la pression de manière plutôt diffuse. D'ailleurs, je remporte un briquet ACF Poker en gagnant la main ciblée par le tournament Director pour offrir ce cadeau anecdotique. Il n'y a pas de petit profit !


Je vais tout de même passer un bluff avec K3o. Je relance un peu moins de 3bb en fin de parole et je suis juste payé par un joueur en blinde. Un vieux qui joue toutes les cartes, au feeling... et fait un peu n'importe quoi il faut bien l'avouer. En fait, il ne me paye pas et me min-raise. J'hésite à coucher mais pour l'image c'est pas terrible donc je paye en espèrant pouvoir reprendre le contrôle du coup. Le flop est évidemment horrible [QJX avec deux trèfles] et pour ne rien arranger, mon adversaire donk bet pour le pot.

On a un historique de deux trois coups et je pense qu'il me prend pour un rigolo qu'il peut manipuler et écraser. Cela étant dit, je fais pas le malin mais comme je le vois sur un tirage au mieux, je me dis qu'il y a un spot pour le relancer et lui faire peur. Je mise 3K dans un pot qui en fait 3 après sa mise. Autant dire qu'au moment où il me paye, je ne suis pas le plus heureux des joueurs... Encore moins quand un 3 de trèfle tombe à la turn. Ca va un peu mieux quand il checke, je prends ca pour un aveu de faiblesse. J'ai le tirage 2e flush max, je mise donc un tout petit peu genre j'ai touché et je prépare le value de la rivière. Il paye. La rivière, je ne m'en souviens plus, juste qu'elle n'est ni un roi, ni un as, ni un trèfle. Il reste 4k à mon adversaire qui checke encore. Je fais 2k... il passe rapidement. Désabusé. Ouf !

Nous ne sommes plus que 18 et, lors du tirage au sort des nouvelles places, je tire la place 4 de la table 5... bref je ne me déplace pas et je prends cela comme un signe...

Je suis vraiment bien maintenant et je peux même me permettre de limper 67s UTG pour déstacker deux joueurs sur 6A6... Le tournoi avance et je suis clairement parmi les trois quatre gros stacks du field. J'ai aussi de la chance puisque Mohamed, un jeune qui perfe pas mal dans les tournois de l'ACF, arrive à ma droite et avec vraiment peu de jetons. Je vais le 4bet avec une paire de dix mais il va folder puis, de petite blinde, je vais le faire doubler sur un flop A9X où il fait deux paires max alors que j'ai touché mon as. Heureusement, il va être victime d'un bon gros setup qui me dégage bien la route. Il relance en début de parole, payé une fois. Flop K3T et les deux adversaires s'excitent. Mohamed quitte le tournoi alors qu'il avait touché avec son K3... son adversaire avait payé avec KT...

J'essaye de faire le travail et d'éliminer des joueurs, mais ca ne marche pas toujours et je lâche quand je me fais revenir dessus. Pas de mauvaises rencontres et alors que nous sommes 8 pour 5 payés, un jeune cripplé demande le deal. Refus de ma part. J'accepterais que l'on prenne 100 euros sur le premier et 100 euros sur le deuxième pour rembourser le 6e. D'ailleurs, à 10 left, nouveau redraw et là encore, j'ai tiré le même siège !

Livraisons
Nous ne sommes donc plus que 6 et je trouve A8s. Je relance 3BB, ce qui équivaut à la moitié du tapis de la BB, le jeune qui avait proposé le deal. Il boîte et je paye pour me retrouver face à AQs. Pas de miracle... le jeu se poursuit. Celui qui va faire 6 est un certain Moustapha. Il va être vitime d'un call de l'espace après avoir misé avec A3 sur A34. Papy fou le paye après avoir regardé son jeu [que je vois puisque c'est mon voisin de gauche]. Là, je suis le seul à savoir que papy fou a payé avec K5o ! Et bam, tout de suite le 2 à la turn ! Nice play sir !

Lorsque nous sommes à 5 left, je trouve AKs et j'ouvre logiquement le pot pour 7k. Papy fou me revient dessus pour 17k en position. Là je tanke un peu car c'est la première fois que Papy fou relance. Avec les horreurs qu'il a infligées, nous sommes les deux plus gros stacks. J'hésite à tout pousser mais il est préférable de voir un flop plutôt que de s'envoyer en l'air donc c'est un call.

Le flop [AQX avec deux coeurs] est bon pour moi. Je me dis qu'à 5 joueurs, s'il a deux dames, deux as ou AQ c'est tant pis pour moi. S'il a le tirage couleur, je veux jouer ce coup. Je décide de faire tapis. Sick, Papy fou me paye en moins d'une seconde. Là je tremble. Brelan ? Non, Papy fou montre JJ !

Duel final
Pas d'horreur, merci pour la livraison et là je deviens énorme chipleader. Le reste est une formalité jusqu'au Head's Up... face à Papy fou qui a chatté pour sortir le jeune qui voulait le deal. Juste avant le duel final, il demande un arrangement mais j'ai trop de jetons, il est tellement moins bon que je ne peux que dire non. Et là, pendant 15 minutes il va me faire douter. D'abord en payant un tapis pour doubler avec Q7s alors que j'ai AT. Ensuite, il jette à chaque fois qu'il est au bouton.

Par contre, quand moi je suis au bouton et que je raise avec mes poubelles, il colle avant de donkbet allin sur chaque flop. Il me fait ca 4 fois de suite et je n'ai jamais rien pour payer. Bref, il arrive à remonter un peu même si l'écart doit être encore largement en ma faveur.

Quand je trouve 55 au bouton, je me dis qu'il faut que je prenne ce pot. Cette fois je mise un peu plus que d'habitude. Il paye encore. Trois cartes au dessus du 5 au flop mais cette fois mon adversaire checke. WTF ? Bon, on va tenter le continuation bet... et il colle. Là j'abandonne le coup clairement en checkant la turn alors qu'il a fait de même. Mais, à l'abattage après un nouveau double check à la rivière, Papy fou montre paire de 4 !

Je grappille deux-trois coups et ça devient critique pour lui. Je vais payer son tapis avec 78o trois-quatre mains après la confrontation paire contre paire. Il montre A8 mais c'est à mon tour de toucher avec un joli 7 à la turn... Il est temps d'aller prendre une vodka orange et de rentrer dormir... ou pas.

mardi 12 octobre 2010

L'interview de Nicolas Levi aka CrocMonsieur

Lundi, j'ai passé 34 minutes au téléphone avec un Français plutôt brillant sur le circuit européen : Nicolas Levi.

Très disponible malgré un emploi du temps chargé, CrocMonsieur a répondu à mes questions pour un article sur 20minutes.fr [à lire en cliquant ici].

Si je vous raconte cela c'est que les impératifs de publication du site web du journal gratuit font qu'une partie des réponses de Nicolas ont été coupées. La version originelle de l'interview de Nicolas Levi est donc en fin de ce billet.

Dans les réponses du joueur pro, l'observateur averti pourra trouver une foule de conseils pour progresser... mais, avant de pouvoir exercer vos talents de lecteur, juste un petit mot sur les commentaires qui accompagnent l'article sur 20minutes.fr:

- Non ce n'est pas un papier commandé par Winamax mais les résultats de Nicolas qui lui permettent cette exposition !




A 28 ans, Nicolas Levi est considéré par les spécialistes du poker de tournoi comme un des meilleurs joueurs européen. Avec déjà 4 ans d'expérience sur le circuit, le membre de la Team Winamax nous présente son métier de joueur de poker

Bonjour Nicolas, lorsque vous rencontrez des inconnus, vous présentez-vous comme un joueur de poker professionnel ?
Oui, sans aucun problème. Je crois que ce n'est plus un tabou car il y a un facteur médiatique énorme. Je ne le cache donc pas. C'est encore plus vrai à la table quand je joue avec des amateurs qui ne me connaissent pas. Ils sont très contents de pouvoir se mesurer à un pro.

Comment devient-on joueur de poker professionnel ?
Etudiant expatrié en Angleterre, j'abordais ma quatrième année et je me suis rendu compte que l'informatique n'était pas ma vocation. Nous étions en 2004 et je jouais à pas mal de jeux... j'ai alors découvert le poker. J'ai déposé 20 dollars sur internet que j'ai vite perdu. J'ai remis la même somme et j'en suis vite arrivé à jouer trois heures par jour. Au bout d'un moment, je gagnais plus que ce que peut espérer un informaticien débutant... et j'ai fait le choix de jouer au poker pour gagner ma vie.

L'ascension de CrocMonsieur pouvait débuter...
Ce surnom est du au fait que j'habitais loin de chez moi depuis des années. Je cherchais quelque chose qui fasse Français et soit reconnaissable mais surtout quelque chose qui ne fasse pas trop "killer" ou prise de tête. CrocMonsieur, ca sonnait bien...

Avec votre chapeau toujours vissé sur la tête, vous faites aujourd'hui parti des joueurs les plus reconnaissables du circuit ... Est-ce une stratégie ?
Lorsque j'ai fait la transition entre le jeu sur internet et les parties réelles, je cherchais mon style et je me suis créé un personnage. Quand j'arrivais à une table, les gens ne savaient pas dans quelle case me mettre... ce qui est un avantage au poker. Il y a plusieurs styles gagnants à ce jeu mais je crois avant tout qu'il faut rester naturel. Dans la vie, je suis bavard et social donc, en général, je ne vais pas changer à la table. Etre agréable t'évites en plus de tomber dans la monotonie du jeu. Le poker est un combat d'informations, donc plus tu discutes et plus tu peux pousser certaines personnes à en révéler beaucoup plus que ce qu'elles voudraient...

Etre un professionnel sponsorisé par Winamax vous oblige à jouer beaucoup de tournois, avez-vous compté les kilomètres effectués depuis le début de l'année 2010 ?
Entre les multiples voyages en Europe et le passage à Las Vegas, nous bougeons beaucoup c'est vrai. Avec la série de tournois à Paris, les European Poker Tour à Vienne et Barcelone et le World Poker Tour au Maroc, la fin d'année s'annonce chargée mais c'est un choix de vie ! Personnellement c'est ce que je voulais et je m'éclate sur le circuit. Après, c'est vrai que j'ai maintenant le loisir de choisir mes destinations et de faire une pause si je le veux. Avant [mon sponsoring, ndlr), je choisissais mes tournois en fonction du retour sur investissement supposé. Il fallait des hôtels pas trop chers à côté du casino, tenter de calculer où iraient les meilleurs joueurs pour qu'il n'y en ait pas trop de présents...

La vie de joueur professionnel est donc tout sauf un long fleuve tranquille ?
La liberté que j'ai me motive pour continuer mais cette vie n'est pas forcément facile et faite pour tous. Il y a eu des moments difficiles et il ne faut jamais avoir peur de dire stop quand la période est trop négative. De mon côté, j'arrive bien à gérer le côté valise-avion-hôtel malgré les 120 jours de déplacement annuel...

Le fait d'évoluer dans une équipe est-il un avantage ?
Le poker est un jeu solitaire, il faut donc avoir des amis pour vous soutenir en cas de besoin. Le fait d'être ensemble sur les tournois permet de penser à autre chose sans être seul contre tous. Certains joueurs sont dans cette optique, une optique très vite usante. Je suis partisan du partage hors de la table. En plus, Winamax a recruté un coach. L'arrivée de Stéphane Matheu est un gros plus pour nous, il nous simplifie la vie et nous met dans les meilleurs conditions pour être performant.

Après quatre ans sur le circuit professionnel, vous ne ressentez pas de lassitude ?
Le poker professionnel sur le circuit reste une famille. C'est un peu comme une caravane qui se déplace et tu retrouves les mêmes têtes un peu partout dans le monde. Ce qui est enrichissant, c'est que tu rencontres des gens différents, des gens d'une autre génération que la tienne...

Vous accomplissez votre meilleure saison avec 500 000 dollars de gains en 2010. Comment garder les pieds sur terre ?
Il ne faut pas s'enlever du crédit en cas de succès et surtout ne pas se jeter la pierre quand on perd. Il faut se remettre en question et analyser son jeu. Je pense que j'ai bien travaillé et que cela paye. J'ai toujours chercher à apprendre et c'est probablement aussi la maturité. Aujourd'hui, à la table, je contiens mieux mes pulsions et je reste cartésien. Je crois que l'arrivée de Stéphane (Matheu) y est pour beaucoup...

Aujourd'hui, considérez vous le poker comme un jeu ou bien est-ce votre métier avant tout ?
Je prends beaucoup de plaisir à jouer. Le rush d'adrénaline et l'excitation sont encore très présents mais ce plaisir, c'est celui de la haute compétition, pas celui que l'on ressent quand on joue entre amis à un jeu de société.

Que vous manque-t-il pour accrocher La grande victoire ?
Je crois avoir fait de bonnes Tables Finales quand je me suis hissé jusque là. Globalement, je ne me reproche pas grand chose dans ces moments là et je n'ai jamais craqué proche du but. Mon objectif, c'est de me remettre dans ces situations profitables et le jour cela passera, ca ne sera que du bonheur. Après, je ne suis ni frustré ni déprimé car je sais que je ne suis pas le meilleur joueur du monde...

Quel a été votre pire moment de joueur professionnel ?
Toutes les fois où je suis allé loin dans un tournoi et où j'ai sauté avant la finale ont été de grosses désillusions en début de carrière. Je me souviens d'un tournoi à Saint Kitts avec une entrée à 6000 dollars. Cela représentait une sacré somme et j'étais très bien alors nous n'étions plus que 27 joueurs. J'ai pris 5 mauvais coups et j'ai finalement terminé 7e. A l'époque, en 2006, l'idée de ne pas savoir quand je me retrouverais en si bonne position m'avait fait très mal. C'était très dur de ne pas savoir si cette chance de gagner gros allait repasser. Maintenant, j'ai plus de recul et je cherche à bien jouer et surtout à ne pas évoluer en dessous de mon niveau. Je sais donc que des chances, il y en a plein et je savoure. J'ai la chance de vivre de ma passion, d'avoir une vie confortable et de rencontrer des gens incroyables...

Le poker reste un plaisir pour vous, vous devez donc avoir plusieurs meilleurs souvenirs...
Il y en a... mais la Table Finale aux WSOP 2010 lors du tournoi No Limit Shootout à 5000 dollars [Nicolas a terminé 5e pour un gain de 92000 dollars, ndlr) reste à part. C'était un tournoi très dur car les meilleurs pros étaient là. Il devait y avoir 350 joueurs de haut niveau et je suis très fier de m'être hissé en Table Finale en jouant mon jeu contre les meilleurs. Je crois avoir fait mes preuves face à des joueurs forts...

Pour terminer, avez-vous des conseils pour bien débuter au poker ?
Tout d'abord, il n'y a pas besoin de beaucoup d'argent pour progresser. Il n'y a pas besoin de se brûler les ailes en franchissant trop vite les étapes, il faut monter de limites petit à petit. Se donner du temps et être patient, c'est obligatoire. Penser que l'on peut tout avoir tout de suite est une erreur. Ensuite, je dirais qu'il faut analyser ses gains et ses pertes en étant juste avec soi-même. Ne pas le faire seul c'est encore mieux. Il faut échanger, demander et discuter avec des amis joueurs ou sur internet.

Quels supports peuvent aider un débutant ?
J'ai débuté avec l'équivalent anglais du Poker pour les Nuls mais je dirais que pour ceux qui veulent faire des tournois, "Kill Elky" est bien. Après, il y a lire et lire. Il est impossible de lire tout d'une traite et de l'appliquer, je crois qu'il faut y aller chapitre par chapitre et jouer entre chaque lecture. Je distingue le savoir du savoir faire. Le poker est un jeu nécessitant un apprentissage qui mélange théorie et pratique. Il faut juste trouver l'équilibre...


Propos recueillis par Matthieu Sustrac pour 20minutes.fr


lundi 4 octobre 2010

La folie du dimanche : si loin si proche

Dimanche, c'est la journée des gros tournois online. Des tournois que je ne fais jamais car je suis un micro joueur sur le net et je n'ai pas besoin de ce type de buy-in pour me broke...

Changement de programme hier où je me motive pour monter le buy-in du 100k garantis de Party Poker/ACFPoker.fr. Je suis sur la room de l'Aviation Club de France grâce aux 110 euros de tickets gagnés lors de la soirée d'ouverture depuis une semaine.

Je vous passe les détails mais j'avais réussi à transformer ce pécule en 1K en jouant hors bankroll management en cash-game aux blindes 1-2. Trois coups de déchatte [Je me fais payer presque 120bb au flop par des tirages couleurs qui rentrent alors que j'ai deux fois brelan et une fois quinte max] plus tard, j'étais revenu au niveau de départ.

Bref, dimanche, je lance quelques MTT et deux tables pour gagner de quoi participer à ce beau tournoi à 215 euros l'entrée. Une petite victoire dans un tournoi de HU et surtout un bon rush en table full ring vont me permettre d'atteindre le but fixe. En bonus, j'aurais aussi pu jouer avec le vigile relou de Caméra Café aka André aka Philippe Cura...

Bref à l'heure dite, je suis devant mon ordinateur pour un tournoi aux rounds de 20 minutes et 20000 jetons de départ. Je décide d'être offensif en position et de payer simplement avec les cartes connectées et de même couleur. Je vais monter très rapidement à 25k mais je vais commencer à m'emballer pour retomber à 17K.

Je pensais me retrouver dans un tournoi de sharks mais le niveau m'apparaît très vite comme jouable. Nous sommes 389 au départ pour un overlay de 22800 euros ! Un prix alléchant qui m'oblige à me calmer. Il y a 26000 à la gagne et si ce n'est pas mon plus gros buy-in ever, c'est le tournoi avec le deuxième gain potentiel le plus important que je dispute. En me disciplinant, je reviens très rapidement autour des 23-24k.

Je vais ensuite avoir deux sick livraisons pour doubler puis passer à 60k et des bananes. Sur la première, je colle au bouton après une farandole de limps. J'ai une poubelle suitée [T7] et je touche ma couleur au flop. Quel bonheur, UTG a sous joué un monstre et open boîte sans carreau ! Sur la deuxième, j'attaque avec A7s et je trouve brelan de 7 au flop ! Mon adversaire paye tout jusqu'au bout !

A ce moment là, je regarde pour la première fois le leaderboard. Je fais mon entrée dans le top 10 et j'aperçois un certain Valvegas en tête. Direction Facebook et je réalise que ce n'est pas un usurpateur mais bien le champion de France, Valentin Messina. Le membre de la Team Everest Poker est un vrai aspirateur et j'ai du mal à suivre le rythme.

Je parviens toutefois à grinder et je vais passer subrepticement la barrière des 100K. Pile poil au moment ou Valentin me confie avoir pris une horreur dans un énorme pot, j'en gagne un petit de plus et lui pique son fauteuil de leader. Je ne m'enflamme pas et continue à sélectionner de plus en plus drastiquement les mains de départ pour payer ou relancer. Évidemment, dès qu'un pot n'est pas ouvert, je m'engouffre...

Cela devient beaucoup plus dur car si j'ai une montagne de petits stacks à ma droite, les trois gars à ma gauche sont à la moitié de mon tapis. Je ne veux pas tout jouer sur un coup du destin donc je reste mesuré. Je garde la vitesse de croisière mais je commence à stagner quand OhMyGuru arrive à ma table. Clément est un joueur dont je suis le blog depuis quelques temps et j'avais déjà noté son nom dans le leaderboard du tournoi.

Autant dire que voir un mec du Top5 débarquer juste à sa gauche ne me réjouit pas. Quand je suis au CO, il doit être en BB... et on commence très vite à jouer quelques pots l'un contre l'autre. Quand il relance, j'essaye de le coller le plus souvent possible pour lui dire que je suis là et je lui vole pas mal de spots en ouvrant des pots. Le jeu avance, les éliminés valsent et je continue mon petit bonhomme de chemin.

Deux fois, j'ouvre un pot et OhMyGuru me 3Bet vraiment très lourd. A chaque fois, je lâche. Arrive ce qui doit arriver, la confrontation... fatale dans mon cas. Deux mains avant, j'ai encore abandonné sur un 3Bet de OhMyGuru mais quand je relance avec JJ, je sais déjà que cela peut être la fin. Bref, j'ouvre 2400 as usual sur 400-800 [ante 25 ou 50 ?] et mon ami Clément me revient dessus une fois de plus.

En petite blinde, il fait 12K. Un montant énorme qu'il m'a déjà balancé dans la face. Je réfléchis au montant du 4Bet en me disant qu'il va jeter pour cette première réelle agression de ma part. Je balance donc 28K.

Très rapidement, il mise la totalité de son stack [environ 75-80k au départ]. Si je perds il me restera 13k et je n'hésite pas plus d'une seconde pour payer, probablement devant 90% du temps. Je n'ai même pas vraiment le temps de trembler car à peine je remarque qu'il a fait cela ultra-light [A4s] qu'un terrible flop me crucifie [AKQ].

Le coup me sèche littéralement devant mon écran et je vois tous les chips qui partent du mauvais côté... Je viens de perdre un 67-32 pour un pot méga énorme qui m'aurait permis de revenir dans la foulée de Valvegas, avec trois fois plus de jetons que le troisième du tournoi et plus de 200BB !

Au lieu de cela, je retombe à 13K et suis changé de table où je n'ai pas d'image et que des gros stacks autour de moi. Je suis maintenant dans l'ultra fin du classement. Dix minutes plus tard, les blindes augmentent et je me retrouve à un peu plus de 10BB. Je trouve 74s en grosse blinde. UTG min-raise, c'est payé par le bouton et la petite blinde, je décide donc de compléter. Bam, je touche la flush au flop !

La petite blinde checke, je shove mais malheureusement, UTG avait une main pourrie. Il paye debout sur la table avec K9 pour flush max et moi je suis out. En plein milieu du field, encore loin de la perf. Tout seul chez moi.

Il me faudra de longues minutes pour digérer.

Plus tard dans la nuit, je verrais OhMyGuru en TF du tournoi en question. Deuxième en chips à 11 restants, il perdra un coup énorme que je n'ai pas vu avant de se faire crucifier. Sa paire de dix va tomber sur les As et il partira avec un gain de 1500 euros, premier sortant de la TF...

La variance m'a frappé de plein fouet... mais il y aura une prochaine fois !

samedi 2 octobre 2010

Scandale au Cercle Wagram

Le titre est provocateur pour un retour...

J'expliquerais un peu plus loin ce scandale à Wagram...

Trois petits messages en septembre car je n'ai presque pas joué. Je bosse pour MadeInPoker et pour 20minutes.fr et cela me pompe beaucoup de temps et aussi beaucoup d'inspiration.

Après un super mois d'août, je me suis fait plaisir et j'ai direct buy-in au 1000 spécial rentrée de l'ACF [30k jetons - niveaux d'une heure]. J'ai pris un coup horrible dans la tête au bout de deux heures puisque mon adversaire jouait 6 cartes à la rivière... et va toucher. Criplé avec un poil moins de 10bb, je vais faire la serrure et tenir 3 heures de plus mais je perdrais mon premier et unique coin-flip du tournoi... Bref, j'avais un peu perdu le moral et même si on avait un historique avec le joueur adverse, je commence juste à digérer.

L'Aviation Club de France reste ma maison et j'ai ensuite embrayé sur le Deepstack Club Poker. Après une journée de lutte où j'aurais enchaîner coups brillants, décisions moisies et coups de chatte, je suis à 10BB sur l'avant dernière main de la journée. Je trouve AKs et balance la couscoussière. je suis payé par AQ... mais on splitte. J'ai tout de même la satisfaction d'arriver au Day2. Je suis dans le top 10 des chiploosers mais un rapide double up et tout sera possible...

Sauf que, suite à un problème personnel, je rate le début du Day2. Quand j'arrive enfin, il me reste 3BB ! A peine le temps de se poser, je regarde mon premier jeu en position intermédiaire. A6s ?! Je boîte, les gars énormes jettent mais pas le bouton qui est short lui aussi et retourne AQ. Pas de miracle et je sors genre 58e sur 230 environ...

Dans la foulée, j'enchaîne avec le 1K du Cercle Wagram. Je fais le coverage pour le Club Poker [à lire ici] et j'ai le plaisir d'assister à un beau combat entre Yann Brosolo et Franck Crudo. Ce dernier, aka Mizar sur le Club Poker, s'impose après une démonstration et repartira avec le trophée à la maison. C'est facile le poker quand tu touches tes flops ! [Le très bon CR de Mizar sur Poker Académie].

Une session CP Radio alcoolisée plus tard... je suis au Cercle Cadet pour le 100 freezout du vendredi soir. Je ne vais même pas tenir un niveau. Juste le temps de voir SebcBien doubler sur une livraison... et de sortir. Bref, nous partons avec 6k jetons et je grinde pendant 20 minutes sans showdown pour monter 500 jetons de plus. Vient la main fatale.

Utg colle... et il est imité par toute la table. j'ouvre T2s au bouton et je décide de faire de même. La petite blinde mise alors 250. C'est payé trois fois et je dois donc rajouter 250 dans un pot qui en fait 1000 et des poussières. Je paye et trouve un flop de rêve puisque je trouve un 2 mais aussi deux cartes à carreau [Q26]. La petite blinde ouvre à 500 et c'est payé par deux joueurs. J'annonce tapis... tout le monde passe jusqu'au call fatidique. je couvre le gars de 400 jetons et m'attend à voir une Dame. Mon adversaire est à tirage puisqu'il retourne A8 de carreau en disant qu'il est obligé de payer. Il joue donc 13 cartes et le 3 de carreau me crucifie à la rivière... Ensuite, je boîte mes 7BB avec JJ... et le même gars va me payer avec A7 pour m'éliminer.

Nous arrivons donc au sujet qui fâche... Samedi, je me rends à Wagram pour faire le tournoi freezout à 100 euros. Sur le trajet, je manque de me faire écraser par Pascal Praud au volant de son bolide... mais arrive enfin à bon port. Mauvaise pioche puisqu'il y a un tournoi privé et que le mien n'a pas lieu... J'avais quand même regardé sur le site web mais bon, il est pas mis à jour...

Du coup, je m'oriente vers le cash-game et arrive une main à priori moisie puisque c'est un festival de limp. J'imite tout le monde avec un jeu à fort potentiel mais très fragile. Le flop est magique puisque je trouve le tirage flush, une gutshot pour la quinte et deux overcards. Le flop est J9hh2. Nous nous retrouvons en face à face et tout l'argent est parti au milieu. Lorsque le 2 de coeur arrive à la turn, je retourne mon jeu et annonce flush. Mon adversaire annonce que ça gagne et jette son jeu clairement quand un dernier 2 arrive à la rivière.

Ses cartes ont franchi la ligne, elles sont à deux centimètres du board. La croupière ne fait pas gaffe et commence à préparer les jetons pour me les donner. Au bout de quelques secondes, le joueur reprend son jeu, retourne ses cartes et montre le Valet pour un full venu de l'espace. La croupière appelle le floor et pendant ce temps là, Vilain me dit que je veux voler le pot [un pot de 300 euros que j'aurais donné bien volontiers puisque j'étais battu mais quand on se fait traiter de voleur...]. La demoiselle raconte mal le coup puisqu'elle n'a pas vu le gars jeter et reprendre son jeu. Vilain ne dit jamais que c'était un muck évident, qu'il avait mal regardé son jeu et pas fait attention. Le floor tranche en deux secondes en faveur du joueur qui vient plus souvent que moi, ne veut même pas entendre ma version et se casse alors que je lui demande quelle règle il applique !!!

Je ne parle même pas de deux coups plus tard quand, de mauvaise foi et juste pour tester, je fais passer mes cartes derrière la ligne et les reprend pour m'entendre dire par la même croupière. "Cartes brulées, votre jeu est mort"...

Deux heures plus tard, une fois la session terminée, je regarde les panneaux au mur et vois qu'il est mis noir sur blanc qu'un jeu jeté ne peut être repris [ah bon, première nouvelle ?!]. Bref je demande à nouveau des explications au floor en présence du chef de salle. Il me dit que je joue sur les mots, que la table était contre moi et qu'aucun n'a pris mon parti... bref des arguments en bois.

Alors que le topic sur la qualité des cercles fait rage sur le Club Poker et que l'ACF prend plutôt cher, je rigole quand je relis mon post où j'indique que oui il y a des problèmes annexes au jeu mais que cela reste le MUST en ce qui concerne l'application des règles... Retour à Wagram, où le floor n'aura donc finalement aucun argument pour justifier son ruling et laissera son chef tout seul au bout d'une minute. Le chef de salle conviendra qu'il s'agit d'une erreur de la croupière et finira par me proposer un ticket pour un tournoi.

Refus Catégorique de ma part en tentant de lui faire comprendre que lorsqu'on prend une décision avec de l'argent en jeu, on est moins léger et que l'on a l'obligation de prendre les paramètres des coups et, au moins d'écouter la version des joueurs concernés... Ou mieux, d'aller regarder la vidéo [si elle est en marche car j'ai comme un gros doute].

Mais, nous ne sommes que des clients, du bétail venu fournir la taille...

Mon post n'aura donc certainement que peu d'importance pour l'usine qu'est le Cercle Wagram. Il ne devrait pas perdre de clients mais j'espère que cela leur permettre de faire un point sur les règles qu'ils appliquent et de les formaliser. Ce flou est intolérable et c'est pas demain la veille que je reviendrais...