mercredi 12 août 2009

Wagram, c'est Hollywood !

Une douleur au mollet apparue comme par magie me tenaille depuis trois jours. Résultat, je dors très mal. Je me suis écroulé de fatigue il y a moins de 6 heures quand une vilaine sensation m'empêche de prolonger la "nuit". Réveil à 16h52... dans la douleur. En ce mardi, j'avais rendez-vous avec Sam pour une nouvelle session au Cercle Wagram et je suis donc très en retard. Quand je l'appelle, il est déjà assis avec Oasis, un autre pote d'enfance dévoré par la passion du poker.

Une distribution digne d'un blockbuster
Je me traîne jusqu'à la douche et file vers l'Avenue de Wagram pour les rejoindre. Ils jouent sur une 100, la principale, et il y a une place libre quand j'arrive à 18 heures. Je décide de m'assoir avec 150 et nous nous retrouvons tous les trois à la file. La table semble très vivante et si mes potes ont le sourire et s'amusent, ils sont tous les deux en négatif après 3 heures de jeu. Alors que je perds ma première cave, manquant de chance face au livreur de la table qui double sur moi, Oasis se lève avec 100 euros de bénéfice.

Il est 19h30. Je sors 190 de ma poche et repart pour un tour. Un certain Wesley me fait de la monnaie... L'atmosphère est énorme à table et chaque joueur se voit affublé d'un surnom. Il y avait donc Wesley (pour Snipes) mais aussi des sportifs. J'étais Platini tandis que Jean-Marc Mormeck était à ma gauche. Nous avions aussi Sylvester Stallone, un véritable sosie. Garcimore et Ben Stiller ont aussi partagé cette soirée marrante mais peu fructueuse.


Ma relation avec Robocop, la serrure, commence mal puisqu'à peine je me pose, il m'éternue sur le bras. Je laisse passer une fois puis deux mais la troisième est de trop. Je me tourne de son côté en lui demandant de mettre sa main devant sa bouche et il me répond, "Tu me charries ?". Un "non" bien cassant clarifie mon sentiment et il fera plus attention par la suite. Nous nous retrouverons.

Les relances sont très fortes et il est très dur d'entrer dans un pot à moins de 30. J'en profite pour payer un coca à Sam. De son côté, Wesley demande à la serveuse de lui enlever son verre de jus de pomme. "Je ne sais pas si c'est le fromage qui pique ou le jus de pomme mais là c'est pas possible". La superbe blonde tente de lui expliquer que ce sont des pommes "spéciales", des Granny, mais elles sont "trop spéciales" pour Wesley qui récupère ses 2 euros et commande un verre de rouge. Sa tête aurait mérité la photo quand il a senti le nectar des Dieux... "Ça pique", lâche-t-il.

Couleur
Le jeu se poursuit et je suis une option en fin de parole avec J8 de la même couleur. Ca checke alors que le flop amène deux piques et un Roi, je relance donc à 22. Il n'y a qu'un payeur et, pas de chance pour moi, c'est Robocop qui n'a pas joué un coup depuis des lustres. Bingo, la Turn est un pique et je m'empresse de checker. Il mise 30 et après un moment de pause, je colle. A la rivière, j'envoie 70 et, après un long moment, il paye. Je remporte le coup et je reviens en positif. Je dois avoir pas loin de 500 devant moi. Robocop fait clairement la gueule mais mucke. On ne saura jamais s'il a sous joué son brelan au flop...

Anna Kournikova
Je touche ensuite quelques jeux qui vont me faire suivre deux-trois relances mais rien ne rentre. Je descends donc à moins de 400 quand je me retrouve avec AK. Une main déjà touchée dans cette session et déjà jetée au flop après une relance mi-pot. Malgré une mise de 32 préflop, il y avait 5 suiveurs et forcément, quelqu'un a touché et me reraise. Dégouté, je ne regarde même pas la fin du coup quand le scénario se répète une deuxième fois. L'ambiance est toujours très bonne, sûrement à cause de deux joueurs à droite du croupier. L'un va caver à hauteur de 100 toutes les 20 minutes pendant presque 3 heures, tandis que l'autre, cagoulé de 500 au moment où j'arrive, attaque tous les jeux qu'ils touchent et s'empale souvent sur le jeu max.

De mon côté, je me fais offrir une clope par Stallone et nous partons fumer à l'étage avec Wesley Snipes. Je me traîne pour les suivre à cause de mon mollet mais la pause de 5 minutes est bien agréable. Quand je redescends, Sam est en train d'engloutir une salade. Il tient à me rassurer, comme à son habitude, il avait commencé par manger ses habituels toasts au fois gras et confiture de figue en arrivant...

Combat contre Mormeck
Alors qu'un joueur demande à Stallone s'il a des enfants, celui ci ne se démonte pas et lâche un superbe. "Bien sûr, il y a Rocky I, Rocky II et Rocky III !" La blague fait mouche et les rires sont nombreux. Plusieurs joueurs des autres 100 demandent s'il y a de la place car notre table est hilarante en comparaison des cimetières qui nous entourent. Les orbites s'enchaînent et alors que Garcimore me prévient de faire attention à Mormeck, "il frappe dur", je lui réponds que je ne refuse jamais un petit détour sur le ring : "Tyson ou Mormeck, ça me fait pas peur". Un échange prophétique puisque moins de 10 minutes plus tard, nous allons avoir droit à notre duel. Je découvre une nouvelle fois ma main favorite, AK, et, cette fois, je balance 36.

Mormeck, très actif sur la table, me call avec la position. Le flop arrive et je mets 50 pour dire à mon adversaire que je suis énorme. Il ne sourcille pas et vient presque instantanément. Le rainbow flop donne tout de même une grosse possibilité de quinte (234). La Turn est une brique et je mise encore car il y a désormais deux trèfles et deux piques. Il me boîte aussi sec et là je réponds comme un robot en poussant tout au milieu. Dans la foulée, la croupière retourne un 5 qui me donne la quinte. Je balance mes cartes au milieu et Mormeck, qui pense gagner avec une petite paire (accompagné d'un tirage trèfle) me lâche une petite pique avant de réaliser. Je démarre au quart de tour et le ton monte. Pendant que je rassemble ma montagne de jetons, nous discutons et tout rentre dans l'ordre.

Il a un mot très juste en disant que trop de joueurs jouent avec leur ego et sur ce coup là, je ne peux pas lui donner tort : Marre de rien gagner avec cette main. AK c'est comme Anna Kournikova, c'est joli mais ça ne gagne pas grand chose (la belle russe a quand même été 8e mondiale en simple et a gagné 2 Majeurs en double avec Martina Hingis, une carrière honorable)... Je me retourne vers ma droite et voit que Sam remporte un joli pot avec un brelan. Il est 20h30 et la direction ouvre l'étage. Nous devons monter et perdons au change : la table est moins spacieuse. Un joueur en profite pour s'éclipser... dommage car il faisait parti de la caste des livreurs. Seul point positif, nous sommes à côté de la fenêtre et le petit vent permet de rester bien concentré...

Garcimore fait de la magie
Les relances ne se calment pas et miser 16 n'écarte toujours personne. Wesley Snipes va faire un très bon fold en jetant les Roi préflop. Bien évidemment, Garcimore montre les As. Pour ma part, je vais rater l'occasion de partir en beauté. Je suis UTG et relance à 22 avec la paire de dix. Un nouvel arrivant colle et Garcimore fait de même, presque au bouton. Le babyflop est bon pour moi donc je continue avec un demi-pot qui fait jeter le premier à parler. Garcimore, qui bénéficie d'un très gros tapis et joue relativement serré, me fait 150. "Ouch". J'hésite à gambler en poussant tout au milieu tout en me disant que s'il a suivi préflop, il devait avoir une paire. Il peut donc largement avoir floppé son brelan ou avoir une paire au dessus. J'hésite, j'hésite et jette mon jeu en le montrant. Mon adversaire ne peut réprimer un sourire tandis qu'il dévoile ses cartes, les 9. Gasp... j'encaisse tout de même car je sais que c'est un fold correct et qu'il aurait très bien pu me casser en deux.

Horreur, ma belle horreur...
Il est 22 heures, le rythme est moins élevé, la discussion toujours aussi agréable. Les croupiers s'enchaînent et je compte mes jetons. J'ai 550 devant moi et suis donc positif de 210. Petite discussion avec Sam qui est à +100 après avoir recavé trois fois mais nous décidons de rester car on sent bien la table et on s'amuse. C'est le moment que va choisir Ben Stiller pour faire son entrée à la table. Il va méchamment crusher mon pote une heure après. Sam est Small Blind et relance à 30 quand c'est à son tour. Ben Stiller en rajoute une couche et le reraise. Sam répond du tac au tac pour un total de 130. Son adversaire pousse la totalité au milieu et Sam me dit, "Je fais une connerie, je le connais, c'est une serrure mais j'ai les Dames". Les deux hommes se retrouvent à tapis et le croupier retourne les cartes.

Le flop est hauteur valet mais avec deux carreaux. "Pas de carreau", demandons-nous en coeur avec Sam. La Turn est une brique et la river un deuxième valet. Sam découvre son jeu tandis que son adversaire retourne un AJ dépareillé pour une superbe horreur. De la table un "ohhhhhhhhhhhhhhhh" général de dégout s'élève. Sam est sonné. Il se fera déchirer définitivement sur une quinte ventrale que son adversaire payera 150 à la Turn...

Une clope à 400 euros
Je découvre alors la paire Max en grosse blinde. Je mise 28 et me retrouve face à deux joueurs qui ont la position sur moi. Le flop amène deux trèfles et je poste 50. Sylvester Stallone me calle. La Turn amène un deuxième pique et je balance 80 pour mettre fin au suspense. Mon adversaire part à tapis et je paye instantanément. Le trèfle arrive à la river et je deviens tout pale. Je retourne mes As et mon adversaire me crucifie avec une paire de 4 qui lui a donné le brelan floppé. Il me reste à peine 120 devant moi et le coup est rude. Décharge électrique dans le mollet. Après quelques secondes, je demande à Stallone s'il m'offre une clope. Il s'exécute alors qu'un joueur nouvellement arrivé lâche un "La clope à 400 euros". Dans ma tête, je pense "connard, connard, connard" mais je pars sur le balcon plutôt que de lui répondre. Alors que j'allume ma tige, Wesley et Sylvester me rejoignent.

Analyse
Nous reparlons du coup et Sly me dit qu'il est désolé de m'avoir fait ça, car nous sommes là depuis longtemps et que l'ambiance est sympa. Je m'aperçois que ma relance était peut être trop faible mais Garcimore avait mis 44 deux fois avec les As et les Dames sans trouver de client. Je déclare que je voulais être payé au moins une fois et demande à Stallone s'il aurait suivi 40. Je l'avais déjà entendu dire qu'il paierait avec toute paire en main et il me confirme qu'il aurait fallu mettre 50 pour qu'il lâche. Son 4 était invisible et même si je paye dans la seconde quand il pousse tout, je sais qu'en réfléchissant je n'aurais pas jeté. Il conclut en me disant avoir eu très peur sur le dernier trèfle mais je suis bien le dindon de la farce... Je reviens à table, calme mais pas trop.

Clap de fin
J'ai 120 et Sam n'est pas bien non plus. Nous convenons de doubler ou de périr. Une paire de 7 qui fait brelan va me permettre de remonter à 160 vers minuit mais deux AJ de suite en fin de parole vont me faire tomber à 70. Le compte à rebours commence et je n'attends plus qu'une main pour envoyer. Ça ne vient pas. Pendant ce temps là, Wesley reprend un peu de fromage et du vin. Je m'aperçois que le serveur lui amène du Blanc et je demande le prix avant d'en commander un pour moi. Grand seigneur, Mister Snipes me l'offre dans un sourire en ajoutant "C'est une tactique". Je propose qu'il paye une bouteille pour la table histoire de transformer cela en drunkpoker mais il refuse poliment. Le vin qui m'est servi est horrible, surtout à l'odeur. 4 euros pour ça, c'est limite, heureusement, je me dis que je n'ai rien payé... Je tombe à 52 alors que Sam se fait éjecter et part m'attendre au bar, frustré.

Arrive ma main finale, AQ. Je suis en grosse blinde et il y a trois payeurs à 4 euros. Je pousse au milieu et seul UTG me suit. Je lui montre mon jeu et il m'annonce une paire. Le flop amène une doublette mais rien pour moi. Le 5 de la Turn donne un full à mon adversaire et je me lève pour aller parler aux oiseaux... délesté de 390 euros.

2 commentaires:

Jean a dit…

Très sympa ton blog. Je t'encourage à poursuivre la description de tes périgrinations qui sont pour le moins traitées avec humour et finesse...

Matthieu a dit…

merci, je vais tenter de tenir quelques temps